J’avais passé une partie de mon enfance en Afrique et au Cambodge, et mené ensuite des études de lettres et civilisation étrangère à Paris VII en parallèle à ma formation théâtrale au cours Jean Périmony. 🌾
L’Afrique comme le Cambodge, c’est une histoire d’odeurs, de couleurs, de saveurs, une inflexions des voix. Puissantes, piquantes. Et guerrières parfois. Une mémoire sensorielle.
Alors la scène, le costume, l’imaginaire, la troupe, c’était repartir dans ces voyages intérieurs. Et éphémères.
J’y ai interprété les auteurs classiques, Molière, Racine, Corneille, Marivaux, Hugo ; et Giraudoux, Anouilh, Sartre ; mes contemporains aussi, sud-américains ou français, Caldéron, Galiméri, Ott, Canolle, Adel Hakim, Mougenot. Ce fut à Paris, en tournée, au festival d’Avignon, et notamment au Théâtre des Quartiers d’Ivry – Centre Dramatique National du Val de Marne.
J’y ai rencontré des êtres passionnés, les Mélior, Franceschi, Virton, Savoisien, Rosny, Dhubert, Davy, Mallet, Bœuf, Andréani, Gassman, Marbot, Lemarié, André, Jeener, Hakim, Léris, Chailloux, Osorio, Caldéron… hommes et femmes de cœur et de culture.

Et dernièrement…

En ces années miroir de notre humanité, quelle folie ensorcelante d’interpréter Lady Macbeth  dans une mise en scène de Mitch Hooper et une création lumière de Patrice Lecadre, au grand théâtre de pierre de l’Épée de Bois à la Cartoucherie de Vincennes. Puisse ce cauchemar de mon époux de scène (incarné par Anatole de Bodinat) et son incapacité à revenir sur la rive de la sérénité et de la joie, nous éclairer sur notre propension jusqu’au-boutiste à craindre de reconnaître nos erreurs, nous autoriser à demander humblement pardon, et nous permettre de réaliser que nous n’avons nul besoin de maître…   🐓

🌿🔥 Mais voilà que s’ensuit la question éperdue et magique de notre incarnation au monde, au fil d’une enquête en cinq dimensions dans un univers décalé et magique… avec l’inattendue Émilie, que je sers, épouse de l’inébranlable Edmond Teste interprété par François Dunoyer se confrontant aux fulgurances de Paolo-Stéphane Bernard et à l’énigmatique Madeleine-Françoise Cadol également autrice et metteuse en scène de cette Nuit avec Monsieur Teste, en tournée après avoir été créée sur la Scène Nationale de Sète-archipel de Thau, et donnée cet été au festival d’Avignon.
Qui donc trace à la plume la page de nos existences ? Sans doute monterons-nous bientôt sur nos propres épaules et sortirons-nous la tête hors du bocal ! 🥂

De lady Macbeth à Mère Agnès de Port Royal que nous venons d’interpréter dans ce magnifique collège des Bernardins, à Paris… d’un souverain « missionné » qui, sans espoir de retour éradique ce qui l’ombrage, à une communauté de femmes résistant à une loi liberticide jusqu’à être « suspendues », effacées, réduites à néant… le théâtre nous offre de ces synchronicités fabuleuses qui, au royaume des borgnes, réveilleraient les aveugles.

Et aujourd’hui se joue la question du secret de La confession. Cette pièce de Jean-Luc Jeener nous renvoie aussi aux promesses que nous avons faites, à la parole donnée, au serment pris. A nos propres responsabilités et engagements…